Sujet 3 – Devenir Entrepreneuse

Le sujet précédent traitait déjà du thème de l’entrepreneuriat au sens large. Je propose, cette fois, de l’aborder sous un angle bien précis, celui des femmes. Ne soyez pas offusqué(e)s par ma démarche. Je me doute que certain(e)s trouveront peut-être cela sexiste, pourtant, aujourd’hui encore des études comme de nombreux témoignages révèlent que l’accès aux plus hautes fonctions reste largement l’apanage des hommes. Et ceci, non plus à cause de la place ou du rôle de la femme dans notre société mais bel et bien à cause de ce « plafond de verre » dont elles font les frais au cours de leur carrière professionnelle.

Fantasme ou réalité ? Discutons-en !


1- L’orthographe en question

Finalement, faut-il dire : “entrepreneuse” ou “entrepreneure” ? Employer l’un ou l’autre ou encore conserver le terme masculin ou bien faire un mixte des deux tel que : « Je suis une femme entrepreneur », est-il d’un enjeu si fondamental ? A mon sens, Jacques Attali nous apporte une réponse possible lorsqu’il écrit : « Comme au temps des plus anciens, nommer c’est reconnaître, c’est faire exister, c’est rendre éternel. » – Verbatim III (1988-1991)

Ainsi, attribuer un terme spécifique à un état de fait c’est d’une certaine façon en reconnaître officiellement l’existence. Aujourd’hui, si je peux répondre – lorsqu’on me pose la question du métier que j’exerce – que je suis entrepreneuse c’est parce que la société dans laquelle je vis reconnaît la place des femmes dans la sphère entrepreneuriale. Il s’agit d’une réalité observée et qui ne peut être contestée.

L’Académie française rappelle, par ailleurs, « qu’il n’existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms », et souligne que pour les métiers manuels, c’est déjà le cas depuis longtemps. Mais chose étrange, la question devient plus problématique pour les métiers les mieux perçus : « La langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms de métiers (et de fonctions) placés au sommet de l’échelle sociale. Plus on grimpe, plus on utilise naturellement les termes masculins… Peut-être parce que les femmes, pendant longtemps, n’y ont pas eu accès, et que les nouveaux termes n’ont pas eu le temps de rentrer dans les mœurs ? »

Pensez-vous qu’ajouter, dans le langage courant, le féminin d’un mot existant déjà au masculin est important, nécessaire voire indispensable ? Pour quelle(e) raison(s) ? Selon vous, le fait d’avoir introduit le terme « entrepreneuse » a-t-il permis d’ouvrir davantage cette voie aux femmes ?


2- Egalité hommes/femmes : fantasme ou réalité ?

Bien que le terme « entrepreneuse » soit désormais entré dans le langage courant, sur le “terrain professionnel”, il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à une réelle égalité aux postes de direction encore majoritairement occupés par les hommes. En effet, la France affiche un retard en matière d’égalité hommes-femmes puisqu’en 2019, les femmes représentaient 40% des créateur(-trice)s d’entreprises. Certes, la parité n’est pas encore atteinte mais nous pouvons noter une réelle évolution puisqu’elles ne représentaient que 29% en 1987 et 33% en 2000. Par conséquent, on constate que le défi de créer son entreprise est relevé par de plus en plus de femmes, toutefois, ces dernières souffriraient toujours d’un déficit d’image.

Les hommes peuvent, parfois, se montrer réticents face à leurs homologues féminins. La lutte contre les préjugés notamment concernant l’aptitude des femmes à mener des projets aussi importants à leur terme ; ou encore venir à bout des idées reçues sur leur capacité à diriger des équipes, semblent encore d’actualité. Pourtant, près de deux tiers des femmes ayant créé une société perpétuent leur activité trois ans après son lancement, selon Challenges.fr. Soit une proportion comparable à celle des hommes.

Il n’y aurait donc, mesdames, aucune raison de ne pas sauter le pas !

Si vous hésitiez encore, trouvez-vous ces informations suffisamment rassurantes pour vous donner l’impulsion qui vous manquait pour créer votre propre entreprise ? En tant qu’entrepreneuse avez-vous eu le sentiment d’avoir été freinée voir empêchée dans votre ascension ou vos ambitions professionnelles ?


3- Se jeter à l’eau

Si nous reprenons grossièrement Schumpeter, parmi les principales qualités de l’entrepreneur nous pouvons notamment citer sa capacité à prendre des risques et à avoir confiance en l’avenir. Je pense, à titre personnel, que les deux doivent aller de pair. Si vous décidez de poursuivre un projet spécifique c’est logiquement avec la conviction de réussir en mettant tout en œuvre pour y parvenir. L’échec n’étant pas une option, en principe. Difficile, toutefois, d’adopter une telle posture, lorsque les différents acteurs (partenaires, investisseurs, banques…) sont plutôt enclins à l’évitement lorsqu’on parle de femmes entrepreneures.

C’est probablement dans le but de faire tomber les nombreuses barrières face auxquelles les femmes se retrouvent bien souvent confrontées que le réseau Initiative France a lancé un programme national d’accompagnement pour les femmes qui entreprennent. « Vis ma vie d’entrepreneuse » propose aux femmes qui développent un projet d’entreprise de découvrir les réalités et le quotidien de la fonction de dirigeante d’entreprise, en passant une journée avec une entrepreneuse déjà en activité. Le réseau Initiative France veut ainsi affirmer sa volonté de rendre l’entrepreneuriat toujours plus accessible et plus particulièrement aux femmes.


4- Faire preuve d’audace

Même si les mentalités tendent à évoluer quant au statut des femmes à des postes de direction, nous ne pouvons, néanmoins, nous reposer sur nos lauriers. Si nous comparons les chiffres par rapport aux hommes, l’entrepreneuriat ne semble toujours pas être la voie prioritaire pour ces dernières. La raison émise par la présidente du National Women Entrepreneur Council (NWEC) révèle que les femmes auraient peur de prendre des risques et de se lancer dans un projet d’avenir du fait, principalement, des stéréotypes véhiculés par nos sociétés probablement encore trop machistes. Puis, lorsqu’elles parviennent à dépasser les idées reçues, on observe au niveau national une répartition des activités créées selon le genre. La part des femmes est la plus élevée dans la santé humaine et l’action sociale (75 %), les autres services aux ménages (70 %), l’industrie (52 %) et l’enseignement (50 %). Rares sont celles qui entreprennent dans le bâtiment, par exemple. Par conséquent, on se rend compte que les femmes se tournent encore majoritairement dans des secteurs dans lesquels elles ont traditionnellement été cantonnées.

Carole LAIGNEAU-CHITSONDZO

Carole LAIGNEAU-CHITSONDZO a reçu un trophée « Créatrices d’Avenir » dans la catégorie : « Audace » au cours de la grande cérémonie de clôture de la 6e édition organisée en 2016. Elle fait ainsi partie des 6 femmes distinguées lors de ce célèbre concours de la région Ile-de-France dédié aux femmes qui entreprennent.

Carole LAIGNEAU-CHITSONDZO a fait le choix d’entreprendre dans le bâtiment (domaine encore très majoritairement masculin) en créant en 2014 CVC Project, une entreprise d’études et de travaux en génie climatique (chauffage, ventilation, climatisation) œuvrant pour l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi.

Son parcours inspirera peut-être d’autres femmes en les incitant à prendre des directions à contre-courant et porter des projets dans des secteurs encore verrouillés par les hommes.

3 réponses à “Sujet 3 – Devenir Entrepreneuse”

  1. Je trouve ça normal d’avoir un équivalent féminin à tous les noms de métiers si on reconnait que l’ensemble des métiers est accessible à tous sans discrimination liée au sexe. Mais comme tu le dis dans l’introduction cela ne suffit pas. Il y a encore des choses à améliorer pour que les femmes trouvent toute leur place dans les postes à autres responsabilités.

    1. Tout le monde devrait pouvoir faire le choix de carrière qu’il veut sans honte du regard des autres et en ayant aussi la possibilité de répondre à la question du métier qu’il exerce comme Laure. Il me semble que tous les métiers majoritairement occupés par les femmes ne posent aucune difficulté d’équivalent au masculin : infirmier, aide-soignant, homme de ménage, par exemple. Mais c’est vraiment lorsqu’on se rapproche du haut de la pyramide que cela devient de plus en plus épineux.

  2. C’est vrai mais avoir des noms féminins à tous les métiers ne résout pas tout.
    C’est déjà une bonne chose mais il faudrait aussi changer les mentalités pour que les femmes soient mieux acceptées à des postes de direction.

Echanger sur le sujet

%d